Record de passes décisives sur une saison pour Sébastien, meilleur contreur du club sur une saison pour Lucas ou bien 150e victoire pour Guillaume Vizade … Pour ces paliers qui ont été passés pour des joueurs ou coachs, il y a bien une personne de l’ombre qui collecte après chaque match ces statistiques : Laurent Cherasse dit « Lolo ».
Un amoureux du club, bénévole, statisticien lors des rencontres à domicile qui a récemment reçu une excellente nouvelle dont il vous parle plus bas …
Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Laurent Cherasse, j’ai 54 ans et je suis au club en tant que bénévole depuis 25 ans environ.
Quel est ton rôle lors de chaque match et au quotidien ?
Prenons le cas d’aujourd’hui (le Mardi 30 Avril lors du déplacement à Boulazac) : j’accompagne l’équipe sur les courts déplacements quand on se déplace en minibus pour être le conducteur d’un des véhicules. Lors du match, je suis sur le banc et j’aide à l’intendance pour que les joueurs se concentrent seulement sur leur match et à rien d’autre.
Dans mon rôle de statisticien (lors des matchs à domicile et ailleurs), j’officie sur la table de marque depuis 12 ans environ. Mon rôle est de capturer tous les événements qui se passent sur le terrain et les retranscrire sur une feuille nommé « feuille de statistiques » ou pour la diffusion live sur le net de celle-ci.
Enfin depuis plus de 15 ans, je collecte des chiffres et statistiques sur le club principalement en LNB. Le premier chiffre mis en lumière avait été le 100e match du duo de coachs Jean Louis Borg/Jean Philippe Besson lors de la semaine des As 2008 à Toulon, cela avait bien marché médiatiquement donc avec le Manager Général du club, Olivier Sourzac, on avait décidé d’étendre cette collecte de données. Ainsi, on a pu remonter jusqu’à 1965 pour recueillir toutes sortes de statistiques. Mon travail est également utile au service communication du club pouvant utiliser ces chiffres pour mettre en lumière des paliers franchis ou des records au sein d’une saison (comme celui de Sébastien Cape tout récemment).
Tu as reçu récemment une belle nouvelle, peux-tu nous en dire plus ?
En effet, j’ai été sélectionné pour officier en tant que statisticien pour les Jeux Olympiques de Paris 2024. Ce fut un processus de sélection assez long (environ 2 ans), avec en premier lieu une évaluation des matchs où j’avais officié en championnat : ce qui signifie que des personnes ont regardé le match après pour vérifier s’il n’y avait pas d’erreur et que tout était cohérent. Puis, un 2e test intégralement en anglais est arrivé avec un entretien également dans cette même langue. Ensuite, j’ai changé de rôle et ce fut à mon tour d’évaluer des matchs et des feuilles de statistiques effectués par d’autres personnes. Enfin, le dernier tour de sélection s’est déroulé l’année dernière lors du Top 8 de Coupe de France 2023 à Trélazé. Avec les 20 personnes retenues, nous faisons régulièrement des tournois et matchs amicaux.
Quelles sont les prochaines échéances pour toi ?
La préparation continue pour le grand rendez-vous, avec par exemple les Finales de Coupe de France à Bercy. Il y a aussi le Final 4 Espoirs Pro B qui se déroulera à la maison à Vichy, un tournoi interzones U13 à Voiron (Isère). La dernière échéance est la rencontre France-Canada chez les garçons à Orléans le 19 Juillet prochain.
Comment vont se dérouler les JO pour toi ?
Pour être honnête c’est un peu l’inconnu à l’heure actuelle. Je sais que je suis sélectionné parmi les 20 pour faire l’intégralité de la compétition sur place cependant la qualité de mon travail aura une influence sur mon lendemain ou surlendemain. La FIBA a un droit de regard sur les statisticiens en place et c’est un peu le même cas que pour les arbitres. C’est à l’intérieur de la compétition que tout va se dérouler : si on me juge bon sur des rencontres alors j’en ferai d’autres et avec encore plus d’enjeux, et si c’est le cas contraire alors je serai statisticien seulement sur quelques matchs.
La compétition se déroulera au début à Lille (au stade Pierre Mauroy) pour les phases de poule, nous devons arriver 3 jours avant le début de la compétition. Puis les matchs à élimination directe et de classement se dérouleront à Paris Bercy, et c’est donc pour ça que j’avais demandé à officier durant les Finales de Coupe de France pour m’imprégner du lieu.
Une partie va se faire en anglais, est-ce que c’est une pression supplémentaire ?
Forcément car ce n’est pas ma langue maternelle. Je maitrise les termes au niveau du basket et des statistiques. Pour les Jeux Olympiques, il faudra donc communiquer entre le trinôme de statisticiens et les personnes gérant le logiciel utilisé (Swiss Timing) qui ne sont pas francophones. Ce dernier est différent que celui utilisé lors de la saison et c’est pour ça qu’une période de préparation est importante avec les autres sélectionnés. Des corrections peuvent être faites en direct derrière nous et c’est ce qui va être affiché sur les incrustations TV, les panneaux dans la salle… Il y aura donc une personne en lien avec celle de Swiss Timing nommée « back up » pour faire des corrections potentielles.
On imagine que pour toi c’est une énorme fierté ?
Oui totalement. C’est l’aboutissement de 12 années de travail pour être bon dans ce que je fais avec le club de Vichy chaque semaine et on ne peut pas rêver mieux comme compétition. Elle va réunir tous les meilleurs joueurs du monde, c’est la compétition de Basket la plus relevé de la planète et, étant un amoureux du basket, c’est un rêve qui se concrétise. C’est une vraie fierté de représenté ma famille, la JAV et ma ville dans le plus grand évènement sportif au monde.
L’idée de participer aux Jeux Olympiques de Paris est venue au fil du temps. Lorsque notre capitale a été officiellement désignée ville hôte des JO 2024, c’était une idée que je ne pensais pas réalisable car je pensais qu’il y avait bien meilleur que moi, mais j’ai su tirer mon épingle du jeu.
Mais avant tout cela, je souhaite évidemment une bonne fin de saison à nos joueurs et à notre club, avec l’envie d’aller le plus loin possible !
© Alain Cheneviere